Copper Mountain aura servi une vérité simple, mais implacable : lorsque le géant féminin s’embrase, il révèle toujours davantage que le seul classement du jour. Et ce samedi, c’est une leçon complète qu’Alice Robinson a délivrée, une démonstration d’autorité qui dépasse la victoire elle-même. Deux runs gagnants, une présence constante sur les appuis, un ski qui refuse toute marge d’erreur : la Néo-Zélandaise signe un retour au premier plan qui pèse plus lourd qu’un simple succès d’ouverture.
Le premier run avait déjà installé le décor : Robinson était au-dessus — plus directe, plus stable, plus dure dans les compressions. Le second n’a fait que confirmer une évidence : elle possède ce mélange rare d’engagement brut et de maturité tactique qui, quelques saisons plus tôt, lui échappait encore. À Copper, elle a skié comme si chaque porte devait prouver quelque chose. Et tout a été prouvé.
Deux manches gagnées, un ski sans fuite, aucune hésitation. Copper marque le retour d’une Robinson souveraine et parfaitement lisible. Elle impose une ligne, un standard, et surtout une présence : celle d’une skieuse qui revient pour durer.
Le géant féminin n’a peut-être pas encore trouvé sa reine, mais il sait désormais qui ouvre le bal.
Un podium qui bouscule les habitudes
Derrière Robinson, c’est une hiérarchie recomposée qui s’installe. Julia Scheib signe un deuxième run de très haut niveau, précis, concentré, ample dans les phases les plus rapides. Sa progression depuis un an est spectaculaire : la voilà désormais candidate naturelle au podium dès que la neige se montre exigeante.
La Norvégienne Thea Louise Stjernesund complète ce trio avec une remontée autoritaire et un ski d’une netteté rare dans le mur final. Depuis un an, elle construit une régularité qui pourrait bien la placer au centre de la conversation cet hiver, loin du statut d’outsider qu’on lui accorde encore trop souvent.
La Suisse avance, Ljutic s’installe, Colturi et Shiffrin cherchent le ton juste
Camille Rast confirme l’élan suisse : montée de cinq places, deuxième run rigoureux, lecture claire des appuis. Elle n’a pas la puissance brute des trois premières, mais elle en possède la constance. C’est souvent ce qui compte dans les hivers longs.
Zrinka Ljutic, elle, continue de repousser les frontières de son ski. Septième, avec un second run d’une propreté impressionnante, elle installe sa polyvalence dans le paysage. Déjà parmi les forces du slalom, elle devient, doucement mais sûrement, une menace en géant.
Pour Lara Colturi et Mikaela Shiffrin, la journée aura été plus contrastée. La première manque un peu d’allonge, le ski est bon mais pas encore ample. La seconde ne parvient toujours pas à trouver, en géant, l’aisance et la précision qui font sa force naturelle en slalom. Rien d’alarmant pour l’une ni pour l’autre, mais c’est un rappel : la concurrence est prête.
L’émergence : Scheib et Stjernesund montent dans le cercle des candidates régulières.
La confirmation : Rast installe une Suisse plus ambitieuse.
La pression : Colturi et Shiffrin devront corriger dès les prochains géants.
La menace : Ljutic n’est plus seulement slalomeuse.
Un géant soudain plus ouvert
Le retrait provisoire de Lara Gut-Behrami et de Federica Brignone dans la course aux globes avait déjà ouvert une brèche. Copper l’élargit. Le podium accueille trois profils différents, trois rythmes, trois façons d’imaginer un géant moderne. Et derrière, le peloton s’étend, dense, disputé, prêt à remplir les espaces laissés vacants.
Ce premier rendez-vous américain laisse une impression claire : cette discipline sera l’une des plus mouvantes de l’hiver. Il faudra dominer souvent, mais il faudra surtout résister longtemps.
Demain, le slalom — et un vrai duel à trois
Le lendemain appartient au slalom. Et la tension n’est plus la même qu’il y a un an. Shiffrin n’a plus la marge qui lui permettait d’absorber une manche moyenne. Colturi avance avec l’aisance des grandes semaines, mais elle doit encore confirmer. Ljutic, enfin, semble tenir le fil de quelque chose de plus grand : une confiance offensive, un ski qui s’affirme course après course.
Le tri va se poursuivre. Et Copper pourrait bien être, là aussi, un révélateur.